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Donnerstag, 2. Februar 2012

Voir avec sa langue, un cas de substitution sensorielle

Voir avec sa langue, un cas de substitution sensorielle


On ne compte plus les exemples spectaculaires de plasticité cérébrale, cette capacité de notre cerveau de se réorganiser constamment. Non seulement pour apprendre, en modifiant l’efficacité de ses connexions synaptiques, mais également pour réattribuer de vastes zones du cortex cérébral à d’autres fonctions à la suite d’un accident cérébrovasculaire ou d’une privation sensorielle.
Dans le cas des aveugles de naissance par exemple, on sait depuis le milieu des années 1990 qu’avec l’entraînement à la lecture du braille, le cortex visuel théoriquement non sollicité par des stimuli tactiles, s’active de plus en plus. On parle de « substitution sensorielle » pour décrire ce phénomène surprenant où une partie du cerveau laissé pour ainsi dire en jachère, prend en charge une modalité sensorielle qui n’est pas officiellementla sienne. Et dans le cas des aveugles, c’est le lobe occipital, la partie arrière de notre cerveau où se trouvent les aires visuelles.
i_lienSubstitution sensorielle chez le non-voyant et plasticité cérébrale
i_lien L’activité du cerveau lors de la lecture en braille
Le concept de substitution sensorielle remonte aux travaux pionniers de Paul Bach-y-Rita qui a introduit cette idée dans les années 1960, à une époque où l’on ne pensait jamais que la plasticité cérébrale pouvait avoir une telle importance.
i_lien CAN YOU SEE WITH YOUR TONGUE?
Plusieurs scientifiques continuent aujourd’hui d’explorer les possibilités de substitution sensorielle dans le cerveau afin d’aider les gens dépourvus d’une modalité sensorielle à la retrouver en partie. C’est le cas du Dr. Maurice Ptito et de son équipe à l’Université de Montréal qui ont développé un dispositif de substitution visuelle basé sur la stimulation tactile de la langue.
a_lien Laboratoire de Recherche du Dr. Maurice Ptito
Des vidéos sur son site web nous font littéralement « voir » ce qu’un aveugle de naissance perçoit tactilement sur sa langue et lui permet, après entraînement, d’éviter des obstacles dans un couloir. L’un de ces vidéos est d’ailleurs un extrait de l’excellent film « La dynamique du cerveau » centré sur cette idée que le cerveau est tout sauf quelque chose de statique ou de rigide. Et ce, même chez l’adulte.
i_lienVidéo : Extrait de La dynamique du cerveau
i_lien Vidéo : Un oeil sur la langue – Émission Découverte
Enfin, une autre idée qui fait son chemin et qui est reliée à ce type d’expériences est la théorie sensorimotrice de la perception proposée par le psychologue Kevin O’Regan et le philosophe Alva Noé permettant d’expliquer le rôle essentiel de la motricité dansla perception. On constate par exemple que c’est en bougeant constamment la tête qui porte la caméra que les personnes aveugles parviennent à percevoir les obstacles à l’aide des stimulations tactiles sur la langue. Comme quoi cette conception “dynamique” du cerveau semble véritablement être la norme plutôt que l’exception, et ce, peu importe l’échelle considérée.
a_lien A sensorimotor account of vision and visual consciousness
a_lien J. Kevin O’Regan

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